Hommage
Benoît Lacroix, dans la lignée des grands dominicains

Benoît Lacroix, o.p.

L’éternelle jeunesse de cœur et d’esprit de Benoît Lacroix nous faisait oublier qu’il avait 100 ans et que sa vie approchait de sa fin. Il vient de nous quitter et il faudra s’habituer à son absence.

Pourquoi était-il si aimé et si sollicité ? Au-delà du charme qui se dégageait de sa personne, il y avait le profond respect qu’il manifestait pour le peuple dont il était issu, fidèle à ses racines paysannes de Saint-Michel-de-Bellechasse qu’il aimait évoquer. On soulignera sa longue carrière universitaire et ses 50 publications, ses séjours à l’étranger, mais depuis qu’il avait quitté l’enseignement, c’est sa profonde sagesse qui en avait fait une figure connue et populaire. Nous étions impressionnés par le large spectre de ses connaissances, passant du Moyen Âge à la religion populaire en repassant par Saint-Denys Garneau : un savoir ample, tout le contraire de notre culture axée sur la spécialisation. Autre élément : son incroyable humilité et sa capacité à rire de lui-même, notamment au sujet de son âge, refusant de voir dans le temps qui passe une tragédie.

Sa foi chrétienne, il ne l’imposait pas, elle était moins objet d’un discours – encore que ses homélies étaient excellentes – qu’un témoignage de vie, de vie pleine d’amour. Féru d’histoire, il puisait dans la tradition ce qu’il y a de meilleur pour inspirer la vie d’aujourd’hui. Benoît Lacroix croyait que l’art et la beauté sont aussi nécessaires que le pain.

Peu d’intellectuels auront réussi à rayonner comme lui en dehors du milieu universitaire. Il parlait une langue simple, claire et élégante que tous pouvaient entendre et comprendre. Ses propos empreints de foi et d’espérance faisaient du bien ; il respirait l’optimisme. Ses derniers ouvrages témoignaient de la qualité du dialogue qu’il entretenait avec ses contemporains et plus particulièrement avec les jeunes qu’il comprenait si bien. Il savait les écouter et leur parler avec la tendresse du cœur. Pour tout cela, nous lui sommes reconnaissants.

Par Louise-Édith Tétreault, présidente du Centre culturel chrétien de Montréal